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Une agricultrice identifie plusieurs problèmes majeurs liés au dispositif bio

Une agricultrice qui est maintenant en bio, se pose beaucoup de questions quant au bien fondé de la conversion qu'elle a réalisée... Voici un extrait d'une lettre qu'elle nous a transmise pendant l'été 2020.


Il y a 9 ans, j'ai repris une petite ferme de 20 ha de vergers et de prairies, sur laquelle nous produisons de la viande d'agneaux et des produits de fruits (jus et confitures).


Dès le départ j'ai eu à coeur de m'inscrire dans un processus de conversion vers le bio car cela correspondait à mes engagements et convictions personnels. Notre exploitation est certifiée depuis 6 ans, mais aujourd'hui, je fais un bilan un peu amer du dispositif de certification biologique tel qu'il existe en Belgique. je me suis dit tout l'été que j'allais écrire à biowallonie, certisys et l'administration pour attirer leur attention sur des éléments problèmes du dispositif biologique, que je te livre ici, un peu dans le désordre :

  • Le dispositif de certification biologique est dispositif très descendant. Les normes sont conçues loin du terrain, sans participation des agriculteurs, souvent inadaptées aux petites structures; elles sont imposées par règlement et contrôlées par l'organisme certificateur. C'est un système qui fonctionne sur le même modèle que celui de l'AFSCA, avec les mêmes dérives. Lorsque l'organisme certificateur détecte un écart par rapport à la norme, il le sanctionne et le publie sur son site web. Il n'y a aucun recours ni droit de réponse accordé à l'agriculteur.

  • Ce dispositif n'invite pas à la participation et à la collaboration mais plutôt à la tricherie (il est plus simple de cacher certaines pratiques que de les exposer afin qu'elles puissent s'intégrer dans le cadre BIO).

  • Il s'agit d'un dispositif très contraignant pour l'agriculteur. Cette contrainte n'est pas tant liée au respect des normes BIO qu'à toute la paperasserie qui les accompagne : il faut doubler la déclaration de superficie d'une déclaration BIO, tenir des inventaires supplémentaires, modifier les étiquetages, les factures, subir des contrôles supplémentaires, demander des dérogations....)

  • Mais l'élément qui me dérange le plus est le coût de la certification qui renchérit le coût des produits BIO et les rend inaccessibles aux ménages à petit revenu. En effet pour moi, l'engagement en agriculture biologique est un engagement autant environnemental que social. Je souhaite produire des aliments de qualité pour tous les consommateurs et, en particulier, pour les plus fragiles d'entre eux. Quand on considère un produit comme le nôtre, la viande, il faut se rendre compte que le prix au consommateur contient le coût de 4 certifications : celle payée par le producteur, celle payée pour l'abattage, celle payée par le boucher et celle payée par le magasin. Et quand je dis 4, c'est en fait bien plus, puisqu'en tant que producteur, chaque fois que j'achète des intrants, foin, paille, autres aliments, je paye aussi des montants augmentés par la certification. Aujourd'hui, il m'est très difficile d'accepter que pour mettre sur le marché un produit de qualité, il faille payer beaucoup plus que pour mettre sur le marché un produit "merdique".

  • En discutant de cela avec un représentant d'un organisme certificateur, il a rétorqué que OUI nous payons la certification mais que nous recevons des primes pour cela. Sincèrement, cet argument me met très en colère. Pourquoi faut-il que les primes des producteurs BIO soit amputée de la certification quand les primes aux conventionnels sont données pleinement ? Pourquoi est-ce aux agriculteurs BIO de devoir faire toute la paperasserie pour obtenir de la Région de l'argent pour payer la certification ? Pourquoi la certification n'est-elle pas payée directement par les pouvoirs publics, comme d'autres contrôles le sont ?

{Note de la rédaction : les primes sont payées uniquement aux agriculteurs, pas aux autres échelons en aval... donc l'argument du représentant de l'organisme certificateur est à ce niveau-là aussi, à côté de la plaque}.


Bref, je me rends compte que je suis longue et peut-être pas très claire, mais emmener des petits producteurs maraichers vers la certification exige qu'on les informe clairement sur tous les aspects du système, avant qu'ils ne s'y engagent. Moi, je n'ai pas eu cette chance, je n'ai rien entendu de tel quand je me suis informée sur les démarches de certification. Personne non plus n'a attiré mon attention sur l'existence d'autres systèmes de garantie, plus engageants, plus légers, plus adaptés aux petits producteurs, moins chers et permettant la réalisation d'engagements sociaux.

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